Photo de noix de Grenoble et de jouets d'enfants tirée de l'exposition du Quai 21.
Mais avant de continuer notre chemin, nous avons passé par la douane. Mon père n'avait déclaré que les articles habituels qu'apportait un immigrant : vêtements, literie (en fait, nous avions 2 très gros sacs de laine de mouton, pour que nous puissions faire nos matelas ou tisser nos couvertures). Avoir su! Les agents de douanes ont demandé si mon père avait des produits de viande, comme des saucisses, du prosciutto, du salami, etc. Mon père a répondu que non. Mais les agents savaient que les immigrants italiens apportaient souvent ces articles dans leurs valises, alors ils ont décidé de fouiller nos malles. Je me souviens, encore, clairement, que ma sœur et moi étions assises sur une des malles, et les hommes nous ont doucement soulevées et déposées à côté. Malheureusement, tout en haut de la pile dans la première malle, il y avait un petit sac de tissu rempli de farine de maïs, qu'une voisine avait donné à mon père pour qu'il l'amène à sa famille à Montréal, en cadeau. Mon père a innocemment répondu qu'il s'agissait de farine de maïs, lorsque l'agent lui a posé des questions sur son contenu. (Tout cet échange s'est fait par l'entremise d'un interprète, naturellement.) Mon père ne savait pas que, dans la farine, le voisin avait caché un morceau de saucisse de porc maison. D'une façon ou d'une autre, pendant le voyage, la farine a dû se replacer, et quand l'officier a soulevé le sac, la farine a bougé et il y avait une saucisse qui était clairement visible. L'agent avait une assez bonne idée de ce dont il s'agissait, alors il a coupé le sac et trouvé la viande. Alors, maintenant, les deux agents devaient sortir tout ce qu'il y avait dans les malles. Au moment où ma mère faisait les malles pour mon père, là où il y avait un peu d'espace où elle ne pouvait pas ranger d'objet d'importance, elle rangeait des noix de Grenoble en coquille. Vous pouvez donc imaginer qu'il y avait beaucoup de petits espaces du genre. Alors les malles contenaient un bon nombre de noix de Grenoble dans tous leurs interstices. Je le vois comme si c'était hier : les agents retiraient des objets des malles à la recherche de viande de contrebande, et les noix de Grenoble déboulaient de la malle sur le plancher poli. Ma sœur et moi avons tenté aussi rapidement que possible de les recueillir ou de les poursuivre avant que quelqu'un dans la foule du Quai 21 marche dessus. Je sais que nous ne les avons pas toutes récupérées. Lorsque les agents avaient fini (ils n'ont rien trouvé d'autre), mon père était trop fatigué et dégoûté pour s'inquiéter des noix. À ce jour, je me demande encore combien de personnes ont profité des noix de Grenoble de ma grand-mère. À mon avis, les noix de Grenoble sont la première contribution de ma famille à ce pays qui nous a tant donné.
Cette histoire a été traduite depuis l’original, écrite en anglais.
Numéro d'accession : S2012.737.1