Photographie de MS Nelly, 1949-1953. Musée canadien de l’immigration du Quai 21 (DI2013.1657.1).
Je suis né en Tchécoslovaquie il y a 68 ans. Après le coup d'État communiste de 1948, je me suis échappé en 1949 vers l'Allemagne, où j'ai travaillé comme comptable pour l'Organisation internationale pour les réfugiés (OIR) - un corps de l'ONU. En 1951, j'ai émigré vers le Canada. Il y a quatre petits épisodes qui se rapportent à l'arrivée au Quai 21 le 28 mai 1951.
Pour travailler pour une organisation de l'ONU, une personne déplacée comme un réfugié, pourrait être promue jusqu'à un niveau d'officier appelé « 2e classe ». Un officier de « 1re classe » devait être un citoyen d'un pays occidental, habituellement un Américain, un Canadien ou un Britannique. Ils parlaient tous anglais, quelques-uns parlaient français. Lorsque notre navire, le MS Nelly, s'est arrêté au Quai 21 en début de matinée, nous sommes tous venus sur le côté du navire et nous avons regardé l'action sur le quai. Nous entendions les travailleurs du quai parler anglais ensemble alors qu'ils amarraient le navire avec des câbles. Un de mes ex-collègues de l'OIR était à côté de moi, et avec une surprise évidente dans sa voir, il s'est exclamé : « Ce sont tous des officiers de 1re classe! »
Chaque émigrant avait droit à 2 valises seulement, d'un poids limité. Parce que j'étais célibataire à l'époque, je n'avais qu'une petite valise. Un de mes compatriotes avec une femme et un enfant m'a demandé, en Allemagne, si je pouvais avoir la gentillesse d'amener une de leurs valises en mon nom. J'ai acquiescé. Après avoir débarqué, nous sommes entrés dans la grande salle de douanes avec l'affiche Bienvenue au Canada en plusieurs langues. Nous avons fait face à un agent de douanes à une table basse inclinée. Chaque immigrant devait vider ses poches et en placer le contenu sur la table. Et puis, il ou elle devait ouvrir sa valise. Lorsque j'ai ouvert la valise, j'ai figé, parce que je regardais un négligé de femme, un soutien-gorge et un pot de chambre pour enfant! L'officier m'a souri. Il savait! Mais il n'a rien dit.
Après avoir passé les douanes, nous avons passé plusieurs tables couvertes principalement de littérature religieuse, mais aussi de littérature au sujet du Canada. La plus grande table appartenait aux Filles de l'Empire. Bien que nous étions nombreux à ne pas savoir dire « Bonjour » en anglais, nous avons tous, peu importe nos compétences linguistiques ou notre foi, reçu une Bible King James!
Nous sommes ensuite allés aux autres tables, et nous avons reçu notre premier repas en sol canadien. Beaucoup de voyageurs avaient encore le mal de mer et la texture de la nourriture n'aidait pas. En comparaison avec les saucisses européennes, les hot-dogs étaient sans goût et la moutarde, trop sucrée. Avec le hot-dog, il y avait une tranche carrée de pain éponge blanc et sans goût. Nous étions tous accoutumés au pain de seigle ou aux roulés de pain blanc européens, et nous n'avons pas reconnu qu'il s'agissait d'un pain canadien normal. Aujourd'hui, je l'aime bien, mais seulement en rôtie de déjeuner avec de la confiture. Mais étant donné l'incroyable nombre d'immigrants que devait gérer le Quai 21 (notre navire en avait amené 1 200, et un total de 250 000 en 1951), sans ordinateurs, sans compétences linguistiques, etc., l'arrivée était bien organisée et chaque bénévole, chaque agent d'immigration, a tenté de nous mettre à l'aise. Ils savaient que nous étions anxieux.
À 17 h, environ 12 heures après avoir accosté, nous étions en chemin vers l'intérieur du Canada, dans un des nombreux trains du CNR qui attendaient en face du Quai 21.
Cette histoire a été traduite depuis l’original, écrite en anglais.
Numéro d’entrée : S2012.215.1