La famille Smith dans leurs manteaux d'hiver, en juillet 1956. Musée canadien de l’immigration du Quai 21 (DI2013.1641.24).
Nous avons quitté Halifax par train pour entreprendre une nouvelle vie au Canada, en nous rendant à Winnipeg, au Manitoba.
Notre famille de cinq personnes, dont aucune ne parlait l’anglais, transportait tous ses biens dans une caisse de bois de 10 pi x 10 pi et deux valises de bois de 4 pi x 3 pi et 8 po de profondeur. On nous avait raconté que nous devions aller en Alberta, mais nous nous sommes retrouvés à Nipawin, en Saskatchewan. À cette époque, nous ignorions pourquoi et nous l’ignorons encore aujourd’hui. Mais ce qui compte, c’est que mon père avait un emploi et que nous avions un toit sur la tête. Je crois que la partie la plus difficile quand on s’installe dans un nouveau pays, c’est la barrière de la langue. C’est pourquoi tant de noms s’écrivent et se prononcent différemment.
Nipiwan, Saskatchewan
Bob Mitchell était fermier à Nipiwan et nous nous sommes retrouvés sur sa ferme comme employés et pour apprendre le mode de vie que je connais maintenant. Je suis retourné à Nipiwan faire une visite le 1er juillet 2002, 50 ans après notre arrivée au Canada.
Lipton, Saskatchewan
Notre emploi suivant a été sur la ferme de Jim McCossom, située entre Fort San et Lipton, puis à l’est et quatre ou cinq milles plus loin; ensuite, à la ferme Huber (une grosse statue de taureau blanc se trouve sur le parterre en 2002). Les propriétaires des deux autres fermes sont décédés, donc ces déplacements furent rapprochés en 1955-1956.
Regina, Saskatchewan 1956 à présent;
Papa a travaillé dans divers emplois pendant environ un an à Regina, en Saskatchewan. Quand en 1956 ou 1957, Inland Cement ouvrit une nouvelle usine à Regina, Papa a décroché un emploi à temps plein pour prendre sa retraite 28 ans plus tard.
Maman et Papa ont travaillé fort pour améliorer le sort de notre famille. Maman travaillait fort. Elle faisait le ménage dans diverses maisons tandis que Papa faisait de l’entretien paysager. Ils ont ainsi eu un peu d’argent pour réparer leur première maison. Je me souviens que cette maison n’avait qu’une petite cave en terre battue. Avec le temps, une brouette de terre à la fois, la terre sortait par une ouverture à l’arrière de la maison. Papa l’étendait ensuite pour aménager le terrain.
Leur dur labeur nous offrait quelques extras. Une voiture, et pas n’importe laquelle : une Pontiac 1952 ! Puis en 1958, nous avons eu un téléviseur, une radio et un tourne-disque combinés dans un même meuble. À l’âge de 12 ans, moi, Ed, j’ai reçu un magnifique vélo neuf à trois vitesses.
Nous avons construit une deuxième maison et nous avons loué la première. La location devint une entreprise pour mon père et le revenu supplémentaire lui permettait de faire ce qu’il aimait le plus : rénover des maisons. Nous, les trois fils, faisons maintenant la location de maisons. Mais revenons au téléviseur ! Nous avions la télé, mais nous devions être sages parce que Papa et Maman retournaient en Hollande pour une visite. C’était peut-être du chantage, mais ce fut une bonne affaire. Après leur première visite en 1958, ils y sont retournés à tous les quatre ou cinq ans, ou encore des oncles et des tantes venaient ici au Canada. Papa et Maman les emmenaient en visite, habituellement à Banff ou plus loin vers l’ouest. Les parents n’en revenaient tout simplement pas de voir combien le Canada était vaste.
Le Canada a été généreux envers la famille Smith. Nous remercions tous le Canada de tout ce qu’il nous a offert.
William Smith (2 septembre 1913 – 1er mai 1985) et Apolonia Smith (10 mai 1909 – 16 février 1995)
Cette histoire a été traduite depuis l’original, écrite en anglais.
Numéro d’entrée : S2012.1260.1